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Antigone

À propos de la pièce

Introduction

Antigone, à la fois fille et sœur d'Œdipe, nièce et belle-sœur de Créon, est habitée - jusqu'à la folie ? - par un attachement viscéral à sa famille, ou du moins à ce qu'il en reste après le suicide de sa mère Jocaste, l'aveuglement et la disparition de son père Œdipe, le mutuel fratricide de ses frères Etéocle et Polynice. Ceci explique le culte qu'elle entend rendre, au prix même de sa vie, aux dieux infernaux, comme à ceux qui régissent la famille.

Créon, frère de Jocaste, lorsqu'il assume à son tour la tyrannie, tente de sortir la lignée des Labdacides de la spirale destructrice qui est en train de l'anéantir, en opérant un transfert sur le culte des dieux de la cité, "les dieux d'en-haut", plutôt que ceux de l'Hadès, les dieux infernaux. Pétri d'orgueil et de démesure, il touche en même temps par sa faiblesse. Sa tentative maladroite est vouée à l'échec et lui aussi ne sèmera parmi les siens que la mort.

Antigone reflète ainsi les interrogations d'un peuple polythéiste : "Il ne faut jamais être impie envers les dieux", proclame le Coryphée pour conclure la tragédie. Certes, mais quels dieux vénérer ? Au Vème siècle avant Jésus-Christ, la société grecque connaît de profondes mutations : le système tribal, centré sur la famille, montre ses limites ; la consanguinité destructrice impose d'élargir le lien social à la dimension de la cité. C'est cette réflexion que Sophocle propose à ses concitoyens.

En même temps se pose au peuple d'Athènes, réuni dans le théâtre par le concours de tragédies, la question de la loi : à quelle loi faut-il obéir ? À celle édictée par les dieux ? Aux décrets du tyran ? Ou encore aux lois définies par l'assemblée des citoyens ? Antigone, c'est en quelque sorte la démocratie en question.

Options de mise en scène

Pour le grand public et même chez les plus lettrés, les personnages d'Anouilh ont largement supplanté ceux de Sophocle. Certains s'étonnent même de ne pas voir, chez Sophocle, le personnage de la nourrice, créé par Anouilh !

Le désir de rapprocher musique et tragédie antique nous a obligés à une lecture attentive de Sophocle, qui s'est révélée porteuse d'une surprise de taille : on s'imaginait façonné par les mains divines du destin ; on est dans celles, humaines, de Créon. On étouffait dans le carcan de la logique politique d'un homme dévoué, presque victime de son rôle ; on est abasourdi par la démesure d'un tyran magnifique d'orgueil et d'audace impie. On avait cru avoir affaire à une petite fille têtue ; voilà l'orgueil d'une femme qui, convoquant jusqu'à la folie son destin, côtoie le sort des dieux blessés.

Le sort d'Antigone n'attriste pas, il tue, de proche en proche, comme des ronds dans l'eau.

On découvre alors que dans le théâtre antique, celui de Sophocle - et Antigone en particulier - met en scène des personnages d'une complexité profondément humaine ; qu'il n'y a pas de destin inéluctable mais des décisions humaines ; que l'on y trouve de l'humour ; que les scènes peuvent comporter trois ou quatre personnages ; que le chœur reste en dehors de l'action.

C'est une forme tellement moderne, tellement proche de nous, que notre interprétation propose, avec jubilation, de restituer toute notre surprise, à travers un spectacle esthétique.

La direction d'acteurs veille à bien donner le texte à entendre et la mise en scène force les rapports physiques entre les personnages - presque chorégraphiés - tout en gardant du rythme au spectacle.

Le chœur, tout en maintenant la distance nécessaire, se situe physiquement toujours près de l'action ; il la ponctue par des stasima chantés. C'est lui, ainsi, qui assure la cohérence de la fable et lui confère une forte résonnance émotionnelle. Jouant comme un séparateur d'espaces, mobile à volonté, il rend inutile un décor explicatif.

La musique

Le rôle traditionnel du chœur est de souligner l'action en la commentant de manière neutre par des propos mythologiques ou moralistes. Il est le trait d'union entre les émotions des personnages et la justice divine, mais il est impuissant à modifier l'évolution de l'action de la pièce.

Le chœur est interprété ici par un ensemble vocal habitué à un répertoire rythmé et éclectique (gospels, chants traditionnels africains...). Il chante les joies, inquiétudes et invocations des Thébains sur des thèmes originaux composés par Pierre.

"Je fais de la pop music, j'écris des chansons. Lorsqu'on m'a proposé de composer pour cette pièce, j'ai eu peur d'être hors-sujet... mais en fait il n'y a pas de raison. La grande nouveauté pour moi consistait à partir du texte pour composer, ce que je fais rarement pour une chanson. Je trouve le texte très beau et j'ai pris plaisir à chercher des mélodies à partir de la musique du texte, de manière très intuitive. J'aime les choses très mélodiques, je pense que les mélodies permettent à l'auditeur de s'approprier la musique et d'y projeter des sensations plus facilement. Comme je n'avais jamais écrit pour des voix seules, j'ai choisi de faire simple. Stylistiquement, on peut dire que c'est de la pop et ça ne pose aucun problème. L'avantage de la musique sur les autres formes d'art est qu'elle est abstraite, l'auditeur peut y mettre ce qu'il veut." (Pierre, www.urchins.fr.st)
 
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